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recherche pour : articles récents - 10 – bout du bout ! - 9 – praza obradoiro - 8 – a coruna - 7 – tendre galice - 6 – paco commentaires récents saintjack dans - 10 – bout du bout ! sophie dans - 10 – bout du bout ! saintjack dans - 8 – a coruna saintjack dans - 9 – praza obradoiro domi dans - 9 – praza obradoiro archives novembre 2014 octobre 2014 juillet 2019 l ma me j v s d « nov 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 auteur - 10 – bout du bout ! 2 novembre, 2014, 14 h 06 min classé dans : non classé je suis assis en short et tongs sur la terrasse du port du bout de l’europe, fisterra, l’humeur en été. pourtant hier… hier, je suis parti de oliveiroa emporté par le seul jour de tempête que j’aurai connu en galice, pour trente-trois derniers kilomètres, épiques ! c’est vraiment au cap fisterra que j’aime conclure, loin des oreries de santiago, plus à mon aise dans le faste de mère nature. en cet endroit précis de notre continent, l’empire romain et les croyances du monde entier voyaient une fin, la limite passée laquelle le néant se formait, le triangle des bermudes de l’empereur césar en quelque sorte ! les celtes avant eux y avaient déjà dressé des autels et consacré des rituels. coïncidence calendaire, le 31 octobre est le dernier jour de l’année celtique, ce sera important pour la suite… j’en suis donc à batailler ferme contre les vents, le nez planté dans ma déception de ne pas finir ma route avec un coucher de soleil. sur les dernières crêtes à franchir, mon envergure d’albatros déçu reçoit les assauts de zéphire comme autant de gifles. la plus cinglante vexe mes convictions : ne pas être plus fort que le mauvais temps. a quoi bon avoir tant surmonté jusqu’ici pour m’écraser contre de bêtes nuages ? en cas d’urgence : changer de vibrations, s’élever un peu. mon i pod fera le médiateur. c’est tout le répertoire de la variété française que j’appelle à la rescousse. dalida, zazie et autres enfoirés emportent mon humeur fadasse et déjà, j’ai trop chaud. je me quitte le bonnet… la constance du souffle est remarquable, bien sûr venant de face, secteur ouest. les éoliennes qui hérissent l’horizon sont tout à leur affaire. je les regarde danser, vibrantes preuves d’une énergie propre et maitrisée, notre avenir. bien malgré moi, les kilomètres défilent. la pluie n’a toujours pas gagné et quelques trouées de bleu percent même à l’occasion. je chante un peu plus fort encore. au sommet d’un méchant raidillon, le visage bleu vert de l’atlantique s’expose telle une aquarelle délavée d’averses hauturières. les pieds dans le sable, je sens l’onde s’écraser violemment sur le rivage, reprise par l’ondoiement des eucalyptus géants dans mon dos qui répercutent la vague sur la terre. tout autour de moi est mis en mouvement par un tyran insaisissable, immatériel, pourtant si tangible. puis le miracle : obligé de sortir mes lunettes de soleil ! alors que je marche maintenant dans l’axe du cap, un astre triomphal règne sur une moitié de ciel. dans le port, de petites coques vernissées de pêches miraculeuses et de mauvaises mers, animent leurs couleurs joyeuses pour me souhaiter la bienvenue. plus que trois kilomètres… arrivé au phare, il faut redoubler d’effort car plus rien ne s’oppose au déchainement des éléments. sur le large, un spectacle inouï. a l’endroit précis du cap, les cieux se scindent laissant passer à ma gauche l’azur en majesté et bousculant la tempête sur ma droite. je comprends vite que le vent est l’architecte de cet équilibre instable. tant qu’il restera le même, je resterai au sec. un chapelet offert en ex-voto par un pèlerin me servira de girouette. il vole à la perpendiculaire d’un crucifix de bois qui lui sert de socle. au nord, l’orage gronde à cent mètres à peine, tenu à distance par l’inertie. au sud, la baie s’empourpre de cinquante nuances d’été. a la faveur de l’obscurité qui tombe, une ligne de démarcation très nette se dessine dans le contraste : stupéfiant. je reste scotché là deux heures, sans voix, minuscule face à l’œuvre grandiose du naturel mis en pareil mouvement. tous mes sens sont agités et créent un sentiment très étrange de plénitude. il me faut une volonté raisonnée pour revenir à ma réalité, celle d’un pèlerin qui est venu au cap fisterra accomplir le rite du feu : me débarrasser de mes oripeaux ! etrangement, malgré les conditions météo, de petites foyers fébriles défient le souffle et nombreuses sont les personnes qui brulent des effets personnels. j’apprends plus tard que les galiciens, peuple celte, viennent en ce jour précis de la fin de leur année bruler eux aussi du vieux pour faire du neuf. nous sommes donc des centaines, ébouriffés d’embruns, le visage baigné dans le clair-obscur des flammes, à la manière de la tour. il ne reste que des cendres… le soleil doit être couché derrière le gros temps. une lumière miraculée parvient à filtrer à travers des trombes d’eau, une lumière dont je n’avais été le témoin. la plupart des fidèles ont déserté, pas moi, je n’y arrive pas, c’est trop beau. puis un bruit nouveau attire mon attention : le chapelet. il heurte une coquille st jacques au sol : faut déguerpir, vite. la première goutte de pluie me fait sourire. la deuxième me ramène sur terre et les millions d’autres qui ont déferlé ensuite m’ont retenu otage du cap fisterra pour deux heures. dans une course folle, je suis la vingtaine de courageux restée là et nous allons nous écraser sous le auvent du magasin de souvenirs. la violence du premier assaut n’était en fait qu’un avertissement. tout autour de nous, les éclairs rejoignent la terre par le paratonnerre du phare dans une débauche sonore que la roche elle-même peine à encaisser. dans la panique, les gens venus en voiture proposent leurs places libres. je ne veux pas perdre une seule goutte de la tempête. me voilà donc resté seul. l’humidité comme un sarcophage trop étroit commence à raidir mon corps. tout faire pour repousser le froid. je suis en slibard, du vent dans tous les trous, des éclairs partout, je fais tout ce que je peux pour me changer au plus vite… la masse nuageuse est tellement dense que je ne distingue plus la lumière du phare à cinquante mètres, l’énergie est formidable. la violence est allée croissante, trois vagues successives de torrents montés en bourrasques. je suis encore plus petit, je ne suis plus rien dans cet enfer de démesure. mon sentiment intérieur est agité par la peur bien sûr, mais une émotion plus intense me grise : celle de l’expérience vécue. je me sais en sécurité, au sec, je n’ai qu’à apprécier. je cale mon i pod sur une fréquence plus grandiose, verdi fera l’affaire, et je profite de l’apocalypse, ma solitude rendant l’instant unique, je kiffe. la sagesse populaire l’a consacré en expression : le calme, après la tempête. existe-t-il un moment plus précieux que celui-ci, quand la rage cède enfin ? la terre redevient alors un berceau, le champ d’un nouveau possible. je bois ces quelques minutes de total silence avant de redescendre, au sec, vers le village en contre-bas, j’ai l’impression de voler. je repense à ce matin. je n’ai pas vraiment vu mon coucher de soleil pour ainsi dire, mais j’ai vécu tellement plus qu’une carte postale. je m’endors totalement heureux, me faisant la promesse d’oser rêver bien plus grand qu’un simple soir de beau temps ! 2 commentaires -- - 9 – praza obradoiro 30 octobre, 2014, 15 h 00 min classé dans : non classé c’est un grand carnaval, un déballage de foire internationale, un carrefour de pas, de rires, de larmes. la grande majorité arrive, d’autres transitent, personne ne veut vraiment repartir. la praza obradoiro est un miroir de pavés séculaires dans lequel se reflètent la cathédrale de saint-jacques de compostelle et toute son histoire. chaque pèlerin vient ici offrir le moment sacré du dénouement, celui de l’accomplissement, enfin l’exultation ! les nuages ont définitivement renié leurs origines galiciennes, l’air est délicieux. l’heure de pointe a